s. m. Fameux poids & monnoye des Anciens qui étoit de differente valeur selon les pays.

Le talent d'argent Hebraïque, Persique & Babylonien, valoit 70. mines Attiques, ou 700. écus de France. Le talent d'or des mêmes lieux valoit 7875. écus, selon Budée. Il faut remarquer qu'on prenoit quelquefois des talents pour des sicles. Chez les Hebreux le talent en poids pesoit 3000. sicles sans aucune marque, ou 50. mines antiques, ou 120. nouvelles, ou 1500. onces, c'est à dire, 125. livres de 12. onces chacune, ou 12. mille dragmes. On l'appelloit cicar. Le talent Thracien étoit de 120. livres ; l'Egyptien de 80. livres. Celui d'Alexandre étoit la moitié de celui d'Attique, qui étoit de 31. livres, 3. onces ; celui de Syrie de 1500. dragmes, ou de 15. livres, 7. onces & 4. dragmes ; & celui d'Aeginée étoit seulement de dix dragmes. Chez les Romains les talents étoient de trois sortes ; le plus petit de 84. livres ; le second de 120. livres ; & le troisiéme de 125. livres, comme l'Hebraïque. Du Cange dit que le talent valoit quelquefois un quintal ou cent livres ; quelquefois cinquante livres ; & quelquefois, comme dans Gregoire de Tours, il a signifié un marc valant 20. sols.

Le talent Attique d'argent le plus commun chez les Historiens valoit 60. livres, ou mines, ou bien 6. mille deniers ou dragmes. Selon Villapandus, c'est la moitié de celui des Hebreux ; & des Romains, suivant Hesychius. C'est autant que 600. écus monnoye de France ; & le talent d'or valoit 6750. écus.

Chez les Hebreux on ne sçauroit faire la vraye estimation d'un talent, à cause que selon les divers passages, c'est tantost un poids, tantost un nombre, & tantost une monnoye, comme asseure le même Budée. Monet dans son Dictionaire a fait une assez particuliere specification des talents.

Plutarque dit qu'on dépensa en dorures du Temple de Jupiter Capitolin 12. mille talents, c'est à dire sept millions d'or & deux cens mille écus. Sylla fit payer à Mithridate une amende de 20. mille talents, ou 12. millions d'écus. On dit qu'Alexandre envoya à Aristote huit cens talents pour recompense de son livre de la nature des animaux, qui valoient 480. mille écus de France.

TALENT, se dit figurément en Morale, du genie, de la qualité excellente, ou disposition qui se trouve en quelque personne pour reüssir en quelque chose. Cet Orateur a le talent de bien dire, de persuader. Il a le talent de dechiffrer, de deviner. Ce malheureux ne sçait pas faire valoir les beaux talents que Dieu luy a donnez. Celuy-là fut blasmé dans l'Escriture, qui avoit enfouy le talent, qui ne l'avoit pas fait profiter.

On le dit aussi en mauvaise part. Il a le talent de tout gaster, de malfaire tout ce qu'il fait.

TALENT, a aussi signifié quelquefois, Volonté ; & on a dit, Il a le talent d'être Religieux, pour dire, Il en a le desir : & ce sens s'est conservé encore dans le mot de maltalent, qui signifie mauvaise volonté.